LUC: Avant tout, merci beaucoup pour l’opportunité de discuter avec toi sur la plateforme Buzz Nation. J’espère être capable de bien partager mon enthousiasme pour tout ce qui concerne le cannabis.
À la polyvalente, on pouvait acheter des «dime» et des «nickel»
dans les toilettes, mais j’ai commencé à fumer plus tard, à 19-20 ans. J’étais étudiant à Paris après avoir fini mon CÉGEP. Un ami de l’université, Maxence, m’invite chez lui pour discuter. Je me souviens encore de l’appart sur la rue des Batignolles, tout en haut, sous les toits. Il roule un pétard de hach. Je fume pour la première de ma vie.
Donc je fume le pétard avec Maxence et je me sens tout drôle. Tout drôle, pas le fun. Après deux minutes, j’ai compris. C’est le tabac dans le joint qui m’avait rendu malade. Je me suis immédiatement acheté une petite pipe. Et je suis allé à Pigalles acheté du stock. Mon initiation au cannabis a été très romantique. J’ai été chanceux. Six mois plus tard, j’achetais des gros blocs ronds de hach vendu dans des paquets de camembert. Puis j’ai commencé à fumer des fleurs. Je troquais du vin pour de l’herbe à un ami sénégalais. C’était de l’herbe remplie de graines. On faisait un gros tri avant de rouler, car fumer des graines était censé rendre fou. 😉
J’ai longtemps pensé que j’étais un consommateur non médical. Puis, un jour j’ai réalisé que lorsque je prenais une pause, j’avais des problèmes de douleur au dos. J’ai fait quelques chutes en vélo qui ont laissé des traces. Je consomme donc des deux côtés de la fausse barrière récréatif/médical. Pour des raisons politiques, je refuse de décrire ma consommation comme étant «récréative».
Il y a des gens au Québec qui, techniquement, n’ont pas le droit de fumer du cannabis. Pas dans leur appart, pas sur le terrain de l’immeuble, pas dans leur voiture, pas sur la piste de vélo. Même pas sur leur vélo! 😉 Ici il faut comprendre que c’est l’application québécoise de la légalisation canadienne qui produit ces aberrations.
En sortant de l’illégalité, le pot est devenu une marchandise. La légalisation a transformé le commerce illégal du cannabis en vache à lait pour l’État. Le journaliste Matt Lamers (MJBiz) a publié plusieurs articles sur les profits générés par la SQDC et son équivalent dans les autres provinces. Seuls les gouvernements font de l’argent et quelques cadres dans les très grosses sociétés. Il y a un PDG au Québec qui a reçu plus de 40 millions de dollars pour un an de mauvais travail. Ça doit être un record du monde!
Le cannabis continue de faire peur alors que l’alcool est banalisé. Au Canada, l’alcool, c’est 10 morts par jour et 400 hospitalisations. Par jour. Je ne dirai jamais que le cannabis est sans danger. Mais il est clair que l’alcool est plus dangereux, ce qui n’empêche pas le premier ministre du Québec d’en faire la promotion. La légalisation, pour beaucoup de gens, c’est plus de produits et plus de sécurité. Évidemment, il y a des tonnes de trucs à améliorer. Mais le Canada fait l’envie du reste de la planète.
Pour moi, le cannabis est un cheval de Troie qui cache de la science, de la politique et de la passion. J’ai entendu parler d’aéroponie pour la première fois il y a 25-30 ans. Pas pour les tomates. Pour le cannabis. Le système endocannabinoïde (SEC) apparait sur nos radars en 1964. On n’est pas dans la science-fiction, mais presque. La plupart des facultés de médecine n’enseignent pas le SEC en 2022.
En 2018, je me suis demandé comment je pouvais participer à cette révolution. Je voulais donner une voix à l’industrie, aux consommateurs et aux gens de sciences. Le potcast s’est imposé naturellement. J’ai dû tout apprendre. Faire un potcast tout seul de A à Z est difficile, mais c’est aussi un privilège d’avoir le temps et les ressources pour patauger dans le partage de ses opinions. J’ai une vision commerciale à long terme de mon travail sur le cannabis. Je vais d’ailleurs bientôt formellement annoncer un premier gros partenariat. Et j’aimerais bien trouver une façon de collaborer avec Buzz Nation. 😉
Les 120 et quelques épisodes de toPot m’ont permis de tracer une grande carte-concept de l’univers du cannabis. Il y a des millions de sujets que je n’ai pas encore abordés, car, comme l’industrie et la SQDC, j’apprends à connaitre mon marché. Un épisode sur le mythe de la cendre blanche parle à un segment précis du marché des consommateurs. Quand je fais un épisode avec l’anthropologue marocain Khalid Mouna qui m’explique les nuances de la production du hach dans les montagnes du Rif où il est né, je parle à un autre segment de la population qui s’intéresse au pot. Des fois, je réponds simplement à des questions que je me pose en me levant le matin. Avec la nouvelle série «Pot flânage», je change de registre. D’abord, parce que cela m’amuse et ensuite pour aller à la découverte d’autres publics. Je le dis souvent : les acheteurs de pot convoités par l’industrie ne sont pas sur les groupes Facebook. Le potcast a des avantages, mais aussi ses propres problèmes de découvrabilité.
Je n’ai aucune formation journalistique. Mais j’ai eu plusieurs bons profs. J’ai aussi eu quelques carrières différentes qui imposaient toujours la nécessité de comprendre assez bien un sujet pour être capable d’en faire une synthèse spectaculaire si possible. Et très jeune, dans ma famille, la lecture était une activité aussi le fun que d’aller faire du sport. La rigueur et la méthodologie dont tu parles, c’est un effort calculé pour être pris au sérieux par l’industrie, les consommateurs et la SQDC. Et beaucoup de travail.
Le potcast toPot m’a permis d’explorer la légalisation de l’intérieur. Être sur le terrain m’a ouvert les yeux. Consommer un épisode de balado nécessite un gros investissement de temps. J’ai réalisé que c’était le moment de transformer tout ce que j’ai appris dans un format plus court et plus facile à partager. Bon Stock est en ligne depuis quelques semaines et les retours sont incroyables. Les stats du site m’étonnent positivement. Là aussi, par contre, je dois tout apprendre. J’ai dû faire beaucoup d’effort pour que le site fonctionne super bien sur les téléphones. C’est important, car c’est plus de 80 % du trafic pour l’instant. Les plateformes comme YouTube et Facebook agissent de façon arbitraire. Des «reviewers» qui faisant 30-40000 vues par vidéo constatent que leur audience disparait à vue d’œil. Les groupes Facebook se font bannir sans avertissement. L’avantage d’un site magazine, c’est que ta plateforme t’appartient. Je peux dire le mot «cannabis» sans me faire censurer. Je peux compter en dollars et non en tomates… Bon Stock est la prolongation directe de toPot et le mix média des deux plateformes me permet d’innover.
Le Canada est un pays jeune. Le Québec également. On n’a pas l’habitude de se projeter dans le «temps long». Je prends un exemple parmi d’autres. La cathédrale d’Albi en France a été construite avec des briques rouges. Il a fallu deux siècles pour la réaliser, de 1282 à 1480. Juste de la brique rouge pour bâtir vite et pas cher. Elle est toujours là cette cathédrale. C’est ça le long terme et au centre de ma vision pour le cannabis, il y a un souci permanent
pour que le cannabis médical puisse prendre toute la place qui lui est destinée. La légalisation a fait reculer la filière du cannabis médical. La légalisation fait aussi mal à l’environnement. Notre vision actuelle de la production ne s’exporte pas. Mais on a du talent. Je pense aussi que le jour où les Américains vont vouloir envahir le Canada avec leurs produits, ça va faire très mal. Et ensuite l’industrie canadienne va devoir faire face à la vague Amérique du Sud… Je pense que les consommateurs canadiens vont résister en accordant leur loyauté à des microproducteurs. Comme pour la bière.
1)
J’ai des gouts simples. Je goute à tout quand j’ai la chance. Au quotidien, je fume des produits bio. J’ai toujours une once bio dans la maison. 109 $ livraison incluse.
2)
Quand je veux me faire un p’tit plaisir, j’adore le Runtz bio de Hatrick. Juste une poffe à sec de cette fleur, et tu deviens une meilleure personne! 😉 C’est aussi une de tes fleurs préférées, je crois.
3)
Si je pouvais avoir un produit sur mesure, j’aimerais un pot de terroir qui pousserait sur la Rive-Sud de Montréal. Le cannabis, c’est du maraichage de proximité. Les producteurs de champagnes ne font pas pousser leurs raisins dans des bunkers. La révolution de la légalisation, à long terme, passe par le terroir qui est aussi le meilleur marketing au monde dans le contexte actuel. Un sol sans histoire, ça n’existe pas.
Si vous utilisez le cannabis à des fins médicales, vous pouvez faire une demande de consultation pour une prescription de cannabis à des fins médicales, le processus est simple, rapide et gratuit.
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