Nos entrepreneurs Mohawk de Kanesatake ont plus d’une plume à leur calumet
Introduction
C’est un sujet tabou, probablement le sujet le plus tabou dans l’industrie, mais vous avez sans doute déjà entendu parler de personnes qui s’approvisionnent en cannabis « chez les Indiens ». Il faut savoir qu’au Québec, il n’y a pas qu’à la SQDC ou sur le marché médical où il est possible de vous procurer du cannabis. Il existe un troisième canal, aussi connu comme le mouton noir de l’industrie.
Comme chacun le sait, l’établissement Mohawk de Kanesatake est un territoire sous juridiction fédérale, et il n’est donc pas soumis à la loi encadrant le cannabis du Québec. Bien que plusieurs considèrent leurs activités de commerce du cannabis comme étant du marché noir, les Mohawks, quant à eux, jugent qu’ils font un business tout à fait légitime.
On entend bien des histoires sur les « cabanes à pot » situées sur les territoires autochtones, certaines même assez obscures. Il fallait que j’aille voir de mes propres yeux.
Il est important de comprendre que, sur le territoire du Québec, seul le cannabis de la SQDC et le cannabis médical portant un timbre d’accise du Québec sont considérés légaux. Je ne voudrais surtout pas encourager quiconque à commettre un geste illégal ou à ne pas respecter les lois applicables à un dit territoire (province).
L’accueil
Dans une volonté journalistique d’en savoir plus sur le sujet, j’ai usé de mes connaissances pour être mis en contact avec l’un de ces dispensaires œuvrant en marge de la loi. J’ai eu la chance d’être invité par l’équipe d’un dispensaire Mohawk, qui a également accepté de me rencontrer pour répondre à mes questions.
Quelle ne fut pas ma surprise d’être pris en charge par deux jeunes et dynamiques gestionnaires vêtus d’un complet veston cravate maladroitement ajusté. Il faut dire que leur accoutrement portait un message clair: « we are here to do serious business ». Le commerce du cannabis, c’est du sérieux! Ils m’ont ensuite invité à prendre place dans le « lounge » où nous étions autorisés à consommer tabac, cannabis, etc. Je me suis senti transporté à une autre époque ou à quelque part comme au Far-West.
« Dans le Marc Arcand World, les lois des hommes ne s’appliquent pas »
Marc Arcand, Série Noire, 2014
Est-ce bien différent de la SQDC?
Un dispensaire de cannabis reste un dispensaire de cannabis, qu’il soit régi par le gouvernement du Québec ou par les Mohawks. Il y a donc une multitude de parallèles à faire entre les deux. Il serait évidemment fastidieux d’en faire l’énumération ici même. J’ai cependant remarqué plusieurs différences notables qui, je pense, pourraient avoir un impact important sur le type d’expériences offertes. Pour simplifier les choses, j’en ai fait un petit tableau comparatif.
Type de service / Réglementation | SQDC | Dispensaire Mohawk |
Age minimum | 21 ans | 18 ans |
Entreposage des concentrés | Tablette | Réfrigérateur |
Voir / sentir les produits | Non | Oui |
Limite par achat | 30g ou équivalent | Pas de limite |
Limite pourcentage THC | 30% | Pas de limite |
Heures d’ouverture | 10h-21h semaine 10h-17h week-end | 7h-23h tous les jours |
Cartouches de vapotage | Non | Oui |
Boissons infusées | Oui | Non |
Produits personnalisés / faits sur mesure | Non | Oui |
Testage du taux de THC / CBD | À chaque lot | De façon ponctuelle |
Testage de Pesticides | Oui | Non |
Modes de paiement | Interac, Visa, MasterCard, Argent comptant | Argent comptant seulement |
Service en ligne et de livraison | Oui | Non |
Y-a-t’il de l’opposition dans la communauté?
D’après le dispensaire Mohawk, le conseil de bande ne voit pas nécessairement le commerce du cannabis d’un mauvais œil. Il fut un temps où le conseil était inquiet de la situation mais, avec le temps, les choses se sont en quelque sorte stabilisées. À propos, la sécurité sur la réserve n’a jamais été aussi prise au sérieux. De plus, ca fait travailler du monde qui aurait de la difficulté à trouver ailleurs. Par exemple, le dispensaire emploie plus d’une cinquantaine de salariés à lui seul. Toujours selon lui, le conseil de bande ne peut pas fermer les yeux sur le fait que le commerce du cannabis est lucratif. Au final, ca enrichit la communauté.
Conclusion
Je fus vraiment étonné à quel point le commerce du cannabis prenant place sur les territoires autochtones est fleurissant et en pleine expansion. Il y a présentement plus de 70 cabanes à pot en activité à Kanesatake et ce n’est pas près d’arrêter.
Je pense que les dirigeants de la SQDC devraient eux aussi s’asseoir avec un des dispensaires de Kanesatake pour voir ce qu’ils font et entendre ce qu’ils ont à dire. Je suis certain qu’ils en apprendraient beaucoup.
Pour ma part, je suis encore un peu dépaysé de mon passage à Kanesatake qui fut somme toute très mémorable. Si j’avais à résumer mon expérience en 3 mots, je choisirais: Liberté, Abondance et Anarchie
Un merci très spécial à: Monsieur X, Tony, Chris et Isaac de m’avoir reçu avec une telle générosité. Ce fut pour moi un honneur de pouvoir partager le calumet avec vous tous.
PRESCRIPTION MÉDICALE
Si vous utilisez le cannabis à des fins médicales, vous pouvez faire une demande de consultation pour une prescription de cannabis à des fins médicales, le processus est simple, rapide et gratuit.